Inconstitutionnalité du mécanisme de caducité des requêtes

Analyse de Christine Castera

Afin de lutter contre les recours dilatoires, la loi n° 2017-86 du 27 janvier 2017, relative à l’égalité et à la citoyenneté, avait introduit un article L. 600-13 dans le code de l’urbanisme, qui prévoyait la caducité de la requête lorsque, sans motif légitime, le demandeur n’avait pas produit les pièces nécessaires au jugement de l’affaire, dans un délai de trois mois à compter du dépôt de sa requête, ou dans le délai qui lui aurait été imparti par le juge.

Ces dispositions, largement critiquées par la doctrine du fait de leur manque de lisibilité, ont été rapidement abrogées par la loi n° 2018-1021 du 23 novembre 2018, dite « ELAN ».

Demeurait toutefois la question de leur application aux instances en cours, dès lors que la requête avait été introduite, et frappée de caducité, avant leur abrogation.

La réponse vient d’être donnée par le Conseil Constitutionnel qui, saisi d’une question prioritaire de constitutionnalité à leur encontre par le Conseil d’Etat, le 11 février dernier, vient de les déclarer inconstitutionnelles, comme portant une atteinte disproportionnée au droit au recours juridictionnel effectif, au regard de l’objectif d’intérêt général poursuivi.

Dans sa décision (QPC n° 2019-777 du 19 avril 2019), le Conseil Constitutionnel précise que celle-ci est « applicable à toutes les affaires non jugées définitivement à la date de publication de la présente décision ».